POINTS DE VUE

MADELEINE LEROYER

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Madeleine Leroyer est réalisatrice, journaliste et auteure.

Diplômée de Sciences Po en 2007, elle est correspondante en Russie de 2008 à 2014, et a couvert l’ensemble de l’actualité russe pour de nombreuses rédactions françaises et francophones dont RTL, BFM TV, la Radio Suisse Romande, RFI et Le Figaro.

En 2016, pendant l’écriture de son premier long métrage documentaire, intitulé « Numéro 387 », elle a suivi un atelier Varan.

Elle est également l’auteure de « Une vie de pintade a Moscou », paru chez Calmann- Levy en 2012, traduit en russe en 2015, et a intégré l’Accelerator Lab de la fondation américaine Chicken & Egg Pictures.

Dans son documentaire #387, Madeleine Leroyer nous parle de l’importance de rendre visible les parcours migratoires en Méditerranée. Son film documentaire traite le sujet de l’identification des corps de personnes mortes en Méditerranée en avril 2015 et allait être montré dans le cadre du FOL lors de la soirée « Horizons ». Le film a été fait dans le cadre de la campagne « numbers into names ».

C’est l’histoire de celles et ceux qui veillent les migrants oubliés. Plus de 20.000 personnes sont mortes en Méditerranée depuis 2014 selon l’Organisation Internationale pour les Migrations. 20.000 noms, dilués, et autant de familles brisées. Que deviennent ces morts ? Qui les nomme ? Comment font les mères, les frères, pour tenter de retrouver leurs disparus ? Numéro 387 nous emmène dans cette quête de l’identité et de la dignité.

Un sweat-shirt à capuche, des photos de famille, de maigres ossements… et une lettre d’amour. Quelques fragments de vie ténus contenus dans une boîte à l’institut de médecine légale de Milan. Tout ce qui reste du « Numéro 387 », migrant anonyme mort au large des côtes libyennes le 18 avril 2015. Englouti comme huit cents autres dans le naufrage le plus meurtrier qu’ait connu la Méditerranée depuis la Seconde Guerre mondiale. Face au silence et à l’oubli, une poignée de scientifiques et d’humanitaires s’attellent à rendre une identité aux morts sans nom et sans visage de ces odyssées tragiques.

Une quête patiente et laborieuse dont témoigne ce film sensible, donnant chair à la tragédie qui se rejoue sans fin aux portes de notre continent. Des cimetières de Sicile aux villages du Mali ou de Mauritanie, d’où sont partis ceux qui rêvaient d’Europe, ces « détectives » opiniâtres œuvrent pour « redonner une dignité » aux disparus. « Notre civilisation se mesure à la façon dont nous traitons les morts ; honorer les morts, c’est servir les vivants », explique la chercheuse Giorgia Mirto, qui inventorie les tombes anonymes où sont enterrés les migrants dans le sud de l’Italie. Un bouleversant jeu de piste, avec ses fragiles indices arrachés à la mer : un permis de conduire, la carte SIM d’un téléphone. Ou cette poignante lettre d’amour retrouvée parmi les effets du « Numéro 387 ». Bribes d’existences qui disent les trajectoires brisées derrière les chiffres tristement abstraits des morts en Méditerranée.

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