ANALYSE DE L’APRÈS

MARTA YOLANDE YOUNG

Aujourd’hui décédée, elle était professeure en psychologie à l’université d’Ottawa dans la province de l’Ontario et avait obtenu à l’âge de 28 ans, un doctorat ou PH.D. en psychologie.

Acculturation, identité et bien-être: l’ajustement de réfugiées somaliennes.

Paru dans « Santé mentale au Québec », diffusion numérique le 11 septembre 2007.

Résumé:

L’étude cerne les liens entre l’acculturation et l’ajustement psychologique de 94 femmes réfugiées de Somalie. Le mode d’acculturation préféré au niveau du groupe est l’intégration. Les Somaliennes qui ont vécu le plus longtemps au Canada s’identifient plus comme Canadiennes et perçoivent plus de discrimination contre elles et contre les Somaliens en général. De plus, l’endossement du mode d’acculturation par intégration implique un refus des autres modes comme l’assimilation, le rejet et la marginalisation. D’importants liens sont aussi établis entre l’âge, le désir de faire partite de la société canadienne et la santé mentale. En particulier, les jeunes femmes se distinguent du groupe car elles ont tendance à avoir un plus haut degré de dépression. Aussi, les réfugiées qui ont émigré pour des raisons politiques désirent retourner en Somalie et sont moins satisfaites de leur vie au Canada…

RAJAA STITOU

Exil et déplacements culturels.

Article paru dans « Cliniques méditerranéennes », 2009/2 (n°80)

 

Penser l’exil à travers les déplacements suppose de prendre en compte non seulement le changement, mais aussi « les inchangés », « les revenants », maintenus en tant que trace, à travers ce qui migre, se répète, se réactualise sans cesse en de nouveaux contextes, tout en interpellant chaque sujet, au cœur de ce qui le fonde, le divise et le lie à l’Autre.

 

Les éléments réflexifs que je propose de déplier prennent appui sur ma pratique clinique depuis plusieurs années, auprès de sujets vivant loin de l’univers qui abrite leur langue et leurs fictions. Ce travail a donné lieu à une thèse intitulée d’abord « Universalité et singularité de l’exil » R. Stitou, 1997, puis « L’exil comme épreuve de l’étranger – pour une anthropologie clinique du déplacement »…

FABIEN GOURIOU

Docteur en psychologie, ATER, université Rennes-II.

 

Incidences de l’exil.

Article paru dans « Le journal des psychologues » 2008/5 (n° 258).

 

Présentation:

L’attention portée aux incidences de l’exil implique à la fois le renouvellement d’une dite clinique des migrants et un questionnement anthropologique sur le lien social. Soucieuses d’appréhender les résonances subjectives du déplacement, les cliniques de l’exil privilégient ainsi la compréhension d’une expérience – celle de l’exil et de ses souffrances – en tant qu’elle met en jeu l’inscription, et donc la fondation, du sujet dans le lien social, quelle que soit sa réalité en termes de déplacements géographiques.

 

« Soucieuses d’appréhender les résonances subjectives du déplacement, les cliniques de l’exil privilégient ainsi la compréhension d’une expérience – celle de l’exil et de ses souffrances – en tant qu’elle met en jeu l’inscription, et donc la fondation, du sujet dans le lien social. À l’encontre du réductionnisme socioculturel hérité de l’ancienne psychopathologie de la migration, de même que du modèle de la déculturation issu des actuelles ethnopsychiatries (Rechtman, 2000), les cliniques de l’exil se donnent pour tâche principale de saisir les processus de subjectivation dans l’épreuve du déplacement »…

Fabien Gouriou a également rédigé la thèse suivante:

https://www.theses.fr/2008REN20018

RICHARD RECHTMAN

Le Dr.Richard Rechtman est psychiatre, psychanalyste et anthropologue, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).Il a créé et dirige depuis 1990 le dispositif de consultations psychiatriques spécialisées pour réfugiés cambodgiens au sein du Centre Philippe-Paumelle de Paris.

 

De la psychiatrie des migrants au culturalisme des ethnopsychiatries.  Article paru dans « Hommes et Migrations », n°1225, Mai-juin 2000. Santé, le traitement de la différence.

 

Les discours ethnopsychiatriques axés sur la différence et la distinction ethniques, réduisent le migrant à sa seule dimension culturelle faisant de la subjectivité et du degré d’adhésion de l’individu à des croyances au sein de systèmes de valeurs souvent comparables de par leur rationalité, aux systèmes occidentaux. La pratique clinique, elle, distingue essentiellement malades et non-malades et se concentre sur le sujet.

 

À l’appui de cette démarche, l’anthropologie montre que les formes singulières de l’individualité ne se déduisent pas des logiques collectives, que la culture évolue de par la migration, et que tout patient, étant soumis à des codes sociaux préexistants contraignants, développe des stratégies pour y échapper »…

AZZAM AMIN

Enseignant chercheur (MCF), il a obtenu son doctorat à l’Université Lyon II en 2007.

Dépasser le cloisonnement scientifique et s’extraire d’un ethnocentrisme disciplinaire.

Parution dans la Revue Internationale de la Recherche Interculturelle, Alterstice 2012 vol. 2, n°2.

Introduction:
Dans le contexte actuel où les individus et les groupes se déplacent de manière intense dans le monde, les contacts de cultures sont devenus un phénomène structurel de nos sociétés (Camilleri, 1996a). Les situations de rencontres interculturelles, interpersonnelles et intergroupes sont omniprésentes au point que l’on peut avancer, à l’instar de Troadec (2001), que le contact des cultures a des effets sur tous et que nul n’est enfermé dans une position statique.

Différents modèles en psychologie ont été élaborés pour étudier la dynamique interculturelle ainsi que ses répercussions sur l’identité individuelle et sociale. Dans le domaine de la recherche francophone, le modèle des stratégies identitaires, principalement représenté par les travaux de Camilleri (1989, 1990, 1992, 1996a, 1996b) incarne l’une des contributions majeures. Concernant la recherche anglophone, les études ont été centrées sur les processus d’acculturation et leur impact sur les individus et les sociétés. Le modèle des stratégies d’acculturation de Berry (1989, 1990, 2000; voir aussi Berry et Sabatier, 2010) est le plus représentatif dans ce domaine. Ces deux modèles ont eu une grande influence sur la recherche en psychologie interculturelle (Sabatier, 2001; Sabatier et Boutry, 2006). Bien qu’ils concernent le même champ de recherche, à savoir celui des processus liés aux contacts de cultures et aux changements qui en découlent, ces deux modèles sont restés longtemps parallèles. Dans un livre publié en hommage à Camilleri, Dasen et Ogay (2000) soulignent la nécessité d’articuler les travaux sur les stratégies identitaires avec ceux sur les stratégies d’acculturation.

L’objectif de cet article est de débattre de la pertinence de ces deux modèles et de leur contribution à l’étude des dynamiques interculturelles, et de les confronter dans leurs approches épistémologiques, théoriques et méthodologiques. En nous appuyant sur l’analyse de Dasen et Ogay, cette confrontation prendra la forme de réflexions épistémologiques et permettra de proposer une articulation entre ces deux approches dans l’objectif d’ouvrir un nouvel ensemble de pistes de recherches sur les contacts de cultures…